Le Hérisson

 

Le foyer étant terminé je tournais en rond en implorant le ciel de me trouver de nouvelles et saines occupations.

 

Et voici que le ciel s'est ouvert et sous une pluie diluvienne les réseaux d'évacuation ont rendu l'âme. Cela était triste à voir , tels de furieux geysers , l'eau sortait de partout, cour et cave inondées,  wc du foyer saturés...la coupe était pleine.

 

Débouchage intensif avec une machine aux innombrables et puissantes spirales, rien n'y faisait, ça bouchonnait à gauche puis ça bouchonnait à droite "es esh einfach de Deifel loss mit denne Leidunge".

 

En désespoir de cause une grosse pelleteuse vint à la rescousse et bientôt la terre laissa entrevoir d'anciens tuyaux qui rejoignent une fosse septique oubliée dont le déversoir passe par la propriété de M.Müller ( maintenant elle appartient à la commune).  Nos ancêtres qui ont eu l'honneur de poser ces tuyaux ont, par excès de zèle peut-être, posé certaines parties en forte contre-pente comme si l'eau pouvait par je ne sais par quel miracle gravir les montagnes. Maintenant que la tranchée est ouverte il faut réparer cette erreur. 

 

Mais tout cela ne nous dit toujours pas ce qui provoque la remontée des eaux au presbytère...

 

Qu'à cela ne tienne, après de savants calculs tenant compte de la longueur des tuyaux, de leur profondeur, du sens de l'écoulement des eaux et de la vitesse du vent qui n'y est somme toute pas pour grand chose nous décidons de trancher le tuyau à un endroit précis.

 

Là après un instant de stupeur vite passé je reviens à la réalité ! Un animal sorti d'une autre époque me regarde avec un air terrifiant et un oeil vitreux qui en disait long sur son état de santé. Pas besoin de faire venir un vétérinaire, sans posséder de profondes notions médicales, je voyais bien que la bête avait rendu l'âme. Que Dieu lui vienne en pitié. En ma qualité de sacristain, une question me taraude, d'habitude en cas de décès, je dois aller sonner les cloches : que faire maintenant ?  Finalement je décide d'aller au plus urgent. Il faut dégager la bête obstruante, malfaisante et malodorante. Il n'est plus question d'aller faire virevolter les cloches mais il y a urgence de redonner le libre chemin aux eaux pluviales et moins pluviales en parlant de celles qui sont déversées par nos chères toilettes.   

 

Ce fut fait ,grâce à une pince à barbecue déjà préparée pour la prochaine fête au jardin! La bête, l'oeil toujours vitreux, s'est retrouvée sur un tas de sable, libérant les tuyauteries du presbytère d'un si encombrant invité.

 

Depuis, le calme est revenu au presbytère, les dernières cicatrices dans une terre fraichement ouverte se referment progressivement. Bientôt cette histoire fera partie du passé et seules quelques vielles photos nous parleront encore de l'immonde bête qui terrorisait pour un temps le presbytère de Blaesheim.

 

les photos

https://photopeach.com/album/199voci

 

 

 

                                                             Maurice